Flexibilité du système énergétique et stockage

Sujet récurrent des débats sur l’avenir énergétique depuis près d’une quinzaine d’années (avec la prise de conscience de l’érosion du potentiel d’effacement tarifaire EJP-tempo liée à l’ouverture à la concurrence de la fourniture et l’entrée dans l’arène de précurseurs tels que Voltalis et Energypool), la flexibilité (qu’il s’agisse de stockage d’énergie sous toutes ses formes ou de pilotage de la demande) a connu une riche actualité en 2022 témoignant d’une accélération notable des enjeux.

La crise énergétique est notamment venue ajouter une dimension d’urgence à une tendance de fonds liée à l’évolution du mix énergétique sur le temps long : le développement des flexibilités n’est plus seulement un enjeu d’adaptation de nos systèmes énergétiques à horizon 2030 voire 2050 ; en 2022, il est aussi devenu aux yeux de tous une opportunité commerciale attractive avec l’apparition de nouveaux compartiments de marché (réserves en fréquence) et dans un contexte de forte volatilité des marchés de gros ; il est ensuite devenu un enjeu de résilience immédiate du système électrique et de sécurité d’approvisionnement (AO effacement indissociable de la fourniture, AO lancé au cœur de l’été).

Cette actualité 2022 a notamment été marquée par l’AO effacement 2023 (en avril 2022), dispositif approuvé par la Commission Européenne, permettant de fournir une vision pluriannuelle du soutien public, facilitant le développement d’infrastructure trouvant leur rentabilité sur le temps long. Elle a vu se confirmer l’engagement d’Enedis sur ses appels d’offres flexibilité locale. Elle a connu l’avènement d’une première licorne française dans le domaine de l’énergie, la société NW Groupe, spécialisée dans le stockage batterie, qui devrait compter près de 350 MW installés à fin 2022, en faisant le leader français du secteur.

En 2023, une nouvelle accélération dépendante des choix de politique publique

L’année 2023 devrait conforter la place des flexibilités dans l’actualité énergétique.

Il s’agira tout d’abord de réconcilier l’inertie des systèmes énergétiques avec l’urgence du développement de nouvelles ressources : comment accélérer le déploiement de nouvelles ressources ? Les signaux de prix sont-ils favorables et suffisants ? Quel rôle pour la puissance publique pour faciliter l’émergence de nouvelles ressources ?

Si, dans le triptyque, fournisseurs, opérateurs de réseau et opérateurs spécialisés, ces derniers ont été les plus actifs à date, nous nous attendons en 2023 à voir évoluer les rôles respectifs des uns et des autres. Si le marché ne se saisit pas suffisamment des enjeux, il pourrait être nécessaire de faire évoluer les politiques de soutien et les designs de marché, voire de confier de nouvelles missions aux opérateurs de réseau.

Ainsi, sur le marché grand public, les tarifs régulés ont pu constituer un frein à une innovation tarifaire qui aurait permis de déployer de nouvelles offres et solutions. Sous réserve d’un nouvel arbitrage des pouvoir publics entre protection des consommateurs et envoi d’un signal prix significatif pour ajuster la demande, 2023 pourrait voir se développer de nouveaux modèles d’affaires autour de la gestion intégrée de l’autoconsommation, du pilotage du véhicule électrique et de l’efficacité énergétique.

Le stockage et la flexibilité ne concerneront pas uniquement le système électrique : seuls ou dans le cadre de couplage sectoriel, d’autres solutions seront mises en œuvre, via l’hydrogène (pour le long terme) ou la chaleur (possible à court terme) par exemple.

Ainsi, le stockage de chaleur (pour le logement, le tertiaire ou l’industrie) devrait également connaître un développement rapide à partir de 2023. Plusieurs filières seront suivies avec attention et notamment la géoénergie qui utilise des champs de sondes de faibles profondeurs (jusqu’à 200 m) couplés à des pompes à chaleur.