
Le 21 septembre au Centre Patronal de Paudex (Suisse), le bureau E-CUBE de Lausanne a convié une centaine de représentants du monde économique, industriel et réglementaire helvétique à une Table Ronde sur le thème :
Comment équilibrer la chaîne de valeur électrique en Suisse ?
La Table Ronde était l’occasion de présenter les derniers travaux d’E-CUBE, proposant une vision synthétique de l’ensemble de la chaîne de valeur électrique et analysant les conséquences de l’ouverture du marché de l’électricité suisse sur ses différents acteurs entre 2010 et 2020 :
La part croissante du volume d’énergie national qui transite par le marché de gros, couplée à une chute violente et durables du prix du kWh a conduit à une transformation profonde des équilibres économiques le long de la chaîne de valeur électrique.
La situation des acteurs dont les revenus sont exposés au marché est préoccupante : c’est le cas des producteurs suisses historiques qui commencent à enregistrer des pertes significatives.
Au vu de la situation actuelle du marché, en particulier des prix auxquels s’échangent les produits à terme, il est très probable que le parc de production se retrouve en très grande difficulté à l’horizon 2020 : E-CUBE estime que les producteurs suisses devront potentiellement assumer plus de 800 MCHF de pertes annuelles à l’échelle nationale.
La présentation de ces résultats a lancé un débat modéré par Pierre Veya, rédacteur en chef adjoint du Matin Dimanche. Le débat a permis de confronter les points de vue de Christian Brunier (Directeur général de SIG), Christian Brunner (Membre de l’ElCom), Patrick Eperon (Délégué Energie du Centre Patronal), Claude Thürler (Directeur général de GESA) et Michael Wider (Directeur production d’Alpiq). Durant les discussions, certains points saillants ont été soulevés par les intervenants et le public :
Le marché électrique tel qu’il existe aujourd’hui en Europe met le patrimoine électrique suisse en danger.
La structure du marché, centrée sur la valeur du kWh, ne permet pas de rémunérer les actifs de production hydroélectriques pour leur contribution à la sécurité du réseau ou à la transition énergétique suisse et européenne.
En aval, le seuil d’éligibilité au marché de gros fixé à 100 MWh/an n’est probablement pas optimisé. La transition entre électro-intensifs soumis à une concurrence internationale et les petits consommateurs pourrait être réalisée de manière plus continue.
Tous les acteurs privés se sont accordés à dire que la solution au déséquilibre du système électrique était à chercher dans des mesures réglementaires visant à préserver le patrimoine suisse, et du même coup à assurer une sécurité de l’approvisionnement et à pérenniser un outil de production de très grande qualité dont les atouts seront essentiels aux réseaux européens à moyen terme. Ont été évoqués des modèles de hausse du prix du carbone pour l’électricité, de valorisation auprès du client final des certifications « vertes », ou encore d’un système de quotas hydrauliques pour l’approvisionnement des clients captifs.
La Table Ronde s’est conclue par un apéritif dinatoire propice aux discussions informelles entre intervenants et invités.
L’événement aura été l’occasion pour Benoît Revaz, Directeur associé du bureau de Lausanne, de prendre congé de ses équipes avant de prendre ses fonctions à la Direction de l’Office fédéral de l’Energie. Benoît Revaz en a profité pour souhaiter à E-CUBE et à Nicolas Charton, Associé du bureau de Lausanne, la meilleure réussite dans la poursuite de leurs activités.


Photo à la Une (de gauche à droite) : Pierre Veya (Le Matin Dimanche), Michael Wider (Alpiq), Christian Brunner (ElCom), Christian Brunier (SIG), Claude Thürler (GESA), Patrick Eperon (Centre Patronal)